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Compte rendu: The Fringe Festival: Superstream
par Jessie Scott - publié le 29/09/10
http://www.screenmachine.tv/2010/09/29/the-fringe-festival-superstream/

Difficile de nier le caractère collectif du travail autour de ce média qu'est le film. Média, ou pour être plus précis, mélange de différentes pratiques qui, ensemble, donnent naissance à une narration, un thème, une idée. Et pourtant, les professionnels du cinéma expérimental sont très souvent, par nécessité, des travailleurs solitaires. Ils sont tout à la fois réalisateur, directeur de la photographie, monteur, parfois même artiste principal et designer sonore. C'est ce qui a rendu si passionnante la collaboration entre Superflux, le collectif français de Grenoble, et le collectif audiovisuel Stream. Cette rencontre s'est tenue sous le nom de « Superstream », dans le cadre des nuits de l'écran, nuits de collaborations et d'improvisations qui se sont tenues au cours du Fringe festival cette année, réassociant dans un genre nouveau les pratiques individuelles du film et de la vidéo.

Fruit de cinq jours intenses d'expérimentations, de négociations, de conversations et de représentations puis mis en scène au théâtre du Mechanics Institute à Brunswick, le résultat fut aussi prometteur qu'excitant. Le spectacle était composé par les artistes de Superflux : Etienne Caire et Gaëlle Rouard aux manettes de projecteurs 16mm situés de part et d'autre de la salle ; Lionel Palun à la création, en direct, de larsen vidéo ; Richard Bokhobza à la basse et aux pédales d' effets ; et des artistes de Stream Collective : Marcia Jane à la projection directe de vidéo avec Marco Cher Gibard et Rosalind Hall à la création de sons sur ordinateur portable et saxophone. Comme vous pouvez l'imaginer, le spectre d'une cacophonie des sens se profilait à l'horizon. Et pourtant, le résultat fut une conversation sophistiquée entre des média et un riff efficace sur le cinéma expérimental.

Les artistes étaient installés sur des tables au fond de la salle, tandis que le public lui, était assis sur des coussins à même le sol, permettant ainsi de ne pas interrompre le fil de la projection. L'image apparaissait alors sur un large écran, petite au début, puis grossissant de plus en plus pour ensuite disparaître à nouveau. Quelques spectateurs se tordaient le cou en essayant de voir qui projetait quoi et comment il se créait des espaces écrans entre eux. J'étais contente de laisser planer le mystère et de voir comment ce tout pouvait être ou non cohésif. Souvent il ne l'était pas, mais même dans ces moments où l'image devenait trop compliquée, barbouillée par trop de projecteurs, les artistes se saisissaient de l'instant pour l'exploiter à leur profit. Ils pouvaient par exemple, inonder l'écran d'un flot de lumière puis interrompre physiquement son cours d'une main.

Le bruit des manivelles des projecteurs étaient partie prenante de la bande son, reflet de la conversation naissante entre le numérique et l'analogique, et les représentation audiovisuelles, qu'elles soient directes ou pré-enregistrées. L'omniprésence, physique, des sons était remarquable. Je n'ai pas ressenti cette présence comme provenant d'un système anonyme, mystérieux et englobant, mais plutôt comme une présence réelle, occupant une place réelle dans la pièce.

Les images étaient des plus variées, allant de film footage (films occidentaux et des pays de l'est ) à des vidéos et des abstractions travaillées. Maintes fois, la projection vidéo reflétait la projection du film, en redistribuait ses rôles en la déformant, la doublant, la redimensionnant. Il y avait là une urgence mystérieuse et une tension dans la réciprocité entre le son et l'image, la construction du rythme et l'exploration des champs et contre-champs de certaines séquences. Les magnifiques lignes abstraites de Marcia Jane, éclatantes de blanc, bleu et rouge, tantôt cadraient, tantôt transperçaient le plus figuratif des collages naissants.

Superflux a fait preuve d'une grande innovation dans l'utilisation des différentes techniques de projection associées à une maîtrise de l'improvisation, pratique que le groupe explore depuis de nombreuses années. C'est une chance formidable qu'ont eue des artistes locaux de travailler et d'apprendre avec lui. Pour ma part, j'en suis sortie avec des idées plein la tête, des idées sur « des dialogues en images », « des montages en direct » et « des conversations » en numérique/analogique. Il sera intéressant de suivre les influences que cette scène aura eues sur le travail de Stream.

traduit de l'anglais par Catriona Mc Hale

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Superstream, ou quand les projecteurs se jouent de la lumière.
par Cerise Howard - publié le 26/09/10

http://alittleliedown.blogspot.com/2010/09/superstream-or-many-projectors-make.html

Superflux, quartet aguerri du cinéma expérimental grenoblois, actuellement en tournée en Australie et Nouvelle-Zélande, a rejoint, le temps d'une soirée de cinéma improvisé extrêmement soigné, le collectif audiovisuel Stream de Melbourne. Équipé de deux projecteurs en 16 mm, de deux projecteurs numériques diffusant du larsen vidéo et de l'image travaillée mais également d'un saxophone préparé, d'une basse et de pédales d'effets, Superstream s'est carrément laissé aller à une mêlée cacophonique générale, luttant sur plusieurs fronts à la fois, une mêlée telle qu'on en a rarement vue dans notre petite ville guindée de Melbourne.

Il semble tout à fait approprié que cela ait eu lieu dans le très vénérable Mechanics Institute de Brunswick. Bien que certaine que ce genre d'évènements nocturnes ne faisaient pas partie de ceux envisagés en 1868 par ses fondateurs et destinés à embellir les locaux, je ne peux m'empêcher de penser qu'ils auraient apprécié l'interactivité, l'approche sur mesure de ce chaos audiovisuel qui a empli la scène de l'institut.

Mises en scène sur une grande toile blanche au grain épais, les multiples projections, provenant tantôt d'ici, tantôt de là, rectilignes en règle générale, mais également rondes et elliptiques, divisaient cette toile en cadres imbriqués les uns dans les autres. Elles manœuvraient adroitement pour obtenir une place sur un écran déjà submergé par de nombreuses collisions, jouant constamment avec la chance (ou le risque) de générer une sorte de sens ou de narrativité passagère mais suffisante pour permettre au spectateur de deviner des images reconnaissables, le temps d'une seconde ou plus.

Quand je dis « reconnaissables », j'entends par là, qu'elles étaient reconnaissables grâce à leurs formes vaguement ressemblantes à des formes humaines, animales, d'objets ou de lieux. (D'ailleurs, je suis sûre d'avoir vu à un moment donné, et ce malgré la surexposition du film, un homme en tenue militaire luttant avec une otarie. Je reconnais cependant, qu'il est possible que je me sois trompée !) Il est également possible que ces images « reconnaissables » l'aient été en vertu du simple fait qu'elles émanaient d'une source familière. Au beau milieu de ces explosions vacillantes et de ces interférences ou complémentarités de barrages flamboyants construits d'images en surimpression et de bruits visuels, je suis certaine d'avoir reconnu des extraits tirés de French connection et de Häxan, la sorcellerie à travers les âges, mêlés, entre autres, à des séquences de western classiques !

A cette manipulation d'images instantanées générées par leur propre projection, (dont faisait également partie un paysage sonore à la rythmique spasmodique, hallucinogène et on ne peut plus chaotique, créé à grâce la manipulation de bandes sons optiques), s'ajoutait une bonne dose de jeux de procédés chimiques cette fois préparés à l'avance (enfin sans doute... je présume que les préparer en direct eut été trop dangereux), provoquant une sorte d'inquiétante étrangeté visuelle, notamment lorsque les visages, les corps et l'environnement fondaient et se dégradaient d'une façon telle que même les techniques de l'infographie n'auraient pas donné un meilleur résultat. (Au fait, vous devez aller voir, un jour, le magistral et exemplaire Decasia de Bill Morrison !) Ces images, souvent digérées de façon subliminale, en association et/ou en opposition avec le plus grand bombardement d'informations (ou non) audiovisuelles, sont celles avec lesquelles je choisis de m'endormir ce soir...

Autre instant de plaisir : le ronronnement des projecteurs 16mm se faisant entendre par dessus ce bruit, ou plutôt se faisant entendre au milieu de ce bruit, apportant à ce paysage sonore fort (mais pas trop fort) à la fois des rythmes hésitants et structurants, mais également un sens de la matérialité même de ces projecteurs et des images projetées, cette dernière étant accentuée lorsque le film était de toute évidence mal embobiné, comme par exemple lorsque les perforations d'entraînement commençaient à se glisser joyeusement à travers l'écran.

Et, afin d'ajouter un peu de corps à ces magnifiques, frénétiques et fusionnantes projections de substances analogiques et numériques, d'espiègles ombres chinoises polymorphes ont fait, sur le tard, leur entrée dans le cadre, côté jardin.

Sans rapport aucun avec la performance en elle-même (mais quand même un peu) et d'un point de vue historiographique tout à fait plaisant, ce fut un réel plaisir que de voir en service d'éminents membres de la vieille garde du cinéma avant-gardiste de Melbourne : ici un Cantrill ou trois, là un Dirk de Bruyn. (A propos des Cantrill, avis à tous : surtout ne manquez pas leur rétrospective « Grain of the Voice: 50 Years of Sound and Image by Arthur and Corinne Cantrill » qui se tiendra à l'ACMI, le centre australien de l'image mobile, du 10 au 31 octobre 2010 et organisée par mon ancien collègue du journal en ligne Senses of Cinema et qui travaille aujourd'hui pour Age critic, j'ai nommé : le très estimable Jake Wilson.)

Sirotant un verre au Brunswick Green un soir de finale de foot, en compagnie d'une bonne amie et de quelques uns des artistes qui, un peu plus tôt nous avaient offert un si magnifique divertissement (et gratuit de surcroit !), j'en arrivais à la conclusion que j'avais passé une soirée très agréable et que, mon intérêt pour le cinéma expérimental allait toujours croissant. J'avoue, j'ai vraiment trop négligé ce style de performances ces dernières années, et ce, à cause, ou malgré le fait que j'ai, un temps, moi-même pratiqué, en amateur, ce genre artistique.

Traduit de l'anglais par Catriona Mc Hale

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MetalkinG
par Lloyd Barrett - publié le 02/10/10

http://theperformingaudiovisualist.net/2010/10/02/metalking/

Jeudi dernier, lors d'une programmation de cinéma expérimental organisée par Joel Stern je me suis rendu à l'Institut d'art moderne à Brisbane pour assister à une représentation de Superflux, artistes, qui comme Metamkine, appartiennent à la scène grenobloise (...)

OtherFilm et Joel sont connus dans le milieu pour proposer ce genre d'esthétique aux instituts d'art conventionnels. C'est donc tout à l'honneur de IMA (l'Institut d'Arts Moderne) d'avoir pris le risque d'accueillir des performances qui d'ordinaire se jouent dans des squats. L'énergie construite par METALKING s'étend jusqu'à la conscience honnêtement grisée de l'assemblée (un petit verre à l'œil – ça vous dit ?) et prouve l'existence de ce qui fait l'objet de mes recherches…une PR
ÉSENCE ! Une présence qui se fait ressentir non pas uniquement à travers les décibels mais par la nature trépidante de la projection. Le contenu et la pertinence sont, de façon très excitante, d'une grande intensité. L'un de mes amis me faisait remarquer que ce détournement de « Shining » s'apparentait à une copie du travail de Peter Tscherkassky, point sur lequel je ne discutais pas bien que je lui suggérasse que le spectacle audio-visuel live avait grand besoin de copies passionnantes de Tscherkassky.

C'est FILMBASE qui a fait l'ouverture, duo entre Lionel Palun et Riojim, l'un à la projection en numérique, l'autre à la projection en 16mm. La performance m'a fait penser à une génoise… légère, aérienne, jolie à regarder… savoureuse, un peu trop sucrée peut-être, pas aussi consistante, mais ça passait. Esthétique intéressante, abstraite, sans toutefois de défi particulier d'un point de vue technique. Je n'ai pas sorti ma caméra, mais ça c'est un excellent exemple de ce qu'ils font. Dans les deux cas, le son plutôt direct qui apparemment provient des vidéos, est modifié semble-t-il par un filtre en peigne installé sur l'ordinateur portable.

LAFOXE, composé des artistes Galle Rouard et Riojim, présente ce que j'appellerai un cinéma expérimental « traditionnel ». Je veux dire par là que l'approche était structuraliste et matérialiste, dans le sens où elle était basée sur la manipulation directe d'objets audiovisuels en relation étroite avec l'espace. C'était comme si (du moins pour moi) l'image et le son n'avaient besoin d'aucun code culturel pour être lus… comme si nous étions embarqués dans un procédé que Pierre Schaeffer aurait pu qualifier d'épuré, de minimaliste. Une attention particulière était portée à la nature du film, à la présence physique des manipulations, aux arrêts et reprises, aux faisceaux lumineux étirés et courbés. Je ne peux pas décrire d'avantages ces méthodes ou approches. Je ne suis pas apte à me prononcer sur la qualité de la performance et donc je ne posterai pas de vidéo, mais je vous redirigerai vers ce lien où vous trouverez la page Facebook dédiée à la promotion de l'évènement.
(...)
Vraiment, ce second set de MetalkinG, c'était quelque chose… leur rappel était du genre à transporter les foules. D'ailleurs, comme quelqu'un l'a dit dans la salle « c'était comme un bon plan cul », et c'est à peine s'ils exagéraient.
(…)

Traduit de l'anglais par Catriona Mc Hale